S’opposer aux accords commerciaux entre l’Union européenne et l’Amérique du Sud ?
Réaffirmant il y a quelques jours son opposition de 2020 à ce projet d'accord MERCOSUR, le Ministre Président wallon avec son gouvernement (PS-M-ECOLO) semble vouloir donner raison aux agriculteurs inquiets.
Rappelons qu'en 2020, la politique de BOLSONARO au Brésil était présentée comme soulevant les pires craintes à la fois pour l'écologie (déforestation) et les droits sociaux des travailleurs locaux (et des distorsions de concurrence que cela suscite). Entretemps, le Président de droite dure brésilienne a été remplacé par le syndicaliste LULA, hier porté aux nues par le même M. DI RUPO. Cette fois son retour au pouvoir ne semble pas calmer les craintes.
Il faut rappeler que ces accords ne visent pas uniquement les échanges agricoles mais aussi ceux de nature industrielle ou les services. Nos industries ont besoin de débouchés spécialement dans des pays jeunes à la croissance dynamique. Par ailleurs, certains secteurs agricoles européens peuvent aussi trouver leur compte dans de tels accords d'autant que ces marchés extérieurs semblent moins sujet aux obsessions qui influent sur nos consommations de produits alimentaires et impactent la vie des exploitants agricoles.
Mais M. DU RUPO ne perd vraisemblablement pas de vue que les exportations agricoles de la Belgique sont essentiellement le fait de la Flandre.
Enfin, l'Europe doit-elle risquer à nouveau de se mettre le reste du monde à dos. Refuser le MERCOSUR, c'est s'éloigner de l'Amérique latine. Après l'Afrique noire, voici le Brésil et l'Argentine qui vont nous regarder d'un œil de plus en plus hostile. En avons-nous bien besoin dans le contexte géopolitique mondial actuel ? D'autres prendrons notre place pour autant qu'ils ne soient pas déjà entrain de s'implanter profondément et durablement. Des accords commerciaux sont une des pièces d'une habile politique étrangère sans qu'ils doivent brader nos intérêts légitimes. Gageons que la durée des négociations aura donné le temps de soupeser les divers éléments d'un dossier certes complexe mais néanmoins fondamental pour un pays comme le nôtre, foncièrement exportateur.
Se remémorer les diatribes de 2016 des mêmes, alors avec MAGNETTE comme porte voix (*), contre le projet d'accord avec le CANADA (CETA) qui allait aussi tuer nos agriculteurs, inonder nos tables de viande « frelatée » et autres joyeusetés, n'est pas inutile. En réalité, depuis lors les chiffres montrent que les échanges entre les deux parties (UE et CANADA qui comprend notamment nos amis du Québec) ont largement augmenté tant pour les uns que pour les autres. Pour l'UE, les hausses du commerce vers le Nord de l'Amérique sont de 74% pour les produits pharmaceutiques, de 50% pour nos produits agricoles (**) et 44% pour les produits manufacturés. Loin de la catastrophe annoncée.
Hier, le protectionnisme était l'apanage de la droite voire de la droite extrême, il devient un socle des discours de la gauche.
(*) CETA, objectif caché? (25/10/2016)
(**) Ce qui induit que l'agriculture européenne serait encore plus mal en point sans cet accord
