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01/01/2021
  

En 1958, aux législatives de novembre, de Gaulle n'a pas la majorité absolue

En novembre 1958, de Gaulle, après l'adoption de la Constitution de la Vème République, organise les premières élections suivant le nouveau système (uninominal à deux tours). Il obtient 187 sièges de députés sur 464 (*). C'est un très bon score surtout si on le compare aux résultats précédents de la « mouvance » gaulliste mais il n'a pas la majorité absolue, elle n'est que relative. Le Midi Libre le 02/12/1958 titre qu'il aura « virtuellement » une majorité absolue. Remarquons l'usage du terme virtuellement qui fait florès aujourd'hui. Toutefois, les situations ne sont jamais totalement comparables. Réf. Midi Libre 01 et 02/12/1958.

(*) Certes, il faut encore y ajouter à l'époque les élus en Algérie alors française mais le système électoral y est différent

L'Ukraine et la désinformation des services de Poutine (01/04/2022)

L'enseignante en histoire et essayiste belge Marie Peltier (autrice d'Obsession : dans les coulisses du récit complotiste (Inculte, 2018), analyse les effets de la désinformation russe sur les sociétés occidentales depuis la guerre civile en Syrie. Selon elle, la stratégie russe d'empoisonnement du débat public revêt des formes insidieuses depuis la pandémie, mais elle a toujours été là.

Selon Mme PELTIER, citée par Le Monde de ce 01/04/2022, « les relais du Kremlin œuvrent à distiller en permanence le doute sur ce qui se passe vraiment sur le terrain, en utilisant des postulats conspirationnistes : « les médias vous mentent », « les politiques vous manipulent », etc. La période Covid a accru la réceptivité de nombreuses couches de la population à ce type de fake-news notamment à propos des vaccins. Ils sont d'autant plus aptes à recevoir la « mauvaise » parole de Moscou qui se base souvent sur les mêmes ressorts.

Ces discours de désinformation pro-russe s'apparentent actuellement à ce que certains appellent de la propagande douce : « Je ne suis pas pour Poutine, mais... » On ne dit pas qu'on est pour la Russie, mais on condamne un « deux poids deux mesures » en Occident, et une attention médiatique et humanitaire pour l'Ukraine qui serait disproportionnée par rapport à d'autres conflits, comme le Yémen » {ou la Palestine}.

« C'est la critique de l'obsession sélective. Personne ne se dit pro-Poutine, mais on vous reproche de ne pas parler de toutes les victimes, comme si nos luttes n'étaient pas assez cohérentes. Ce n'est pas tant de la désinformation que ce que j'appellerais de la désensibilisation, des discours qui visent à nous faire détourner les yeux des crimes de guerre de Vladimir Poutine, et ce faisant, l'en dédouanent. C'est l'arme du discrédit, et la grande victoire du Kremlin. »

Dépasser le passé exécrable en le reconnaissant (02/03/2022)

« Enfouissez les horreurs de la période communiste, et ce qui s'est produit se répètera inéluctablement, sous une forme ou sous une autre. » (*)

Une vertu bien chrétienne est la contrition pour les fautes commises et le pardon y afférent. Cela implique au départ une reconnaissance de la faute elle-même. Les dénégations, les excuses alambiquées voire le négationnisme ne sont pas des attitudes permettant de dépasser les drames du passé. Au contraire, les reconnaitre au grand jour, même si cela peut provoquer des réactions chez les victimes voire les tortionnaires, serait la condition essentielle pour repartir sur de nouvelles bases.

C'est ce qui a permis à l'Allemagne fédérale de retrouver sa place au rang des nations même si la campagne de dénazification lui fut en partie imposée et si, au départ, la Justice de Nuremberg fut celle des vainqueurs. En Afrique du Sud, l'ancien détenu devenu chef de l'Etat après la fin de l'apartheid, Mandela (**) , a permis un tel travail de vérité où en reconnaissance publique de ses fautes et crimes, il était possible d'en obtenir le pardon. Ceci est donc possible tant en fonction des exactions à l'égard du peuple ou d'une partie de ce dernier mais aussi des autres peuples.

N'est-ce pas ce qui aura manqué à la période soviétique qui s'est terminée dans une presqu'amnistie généralisée où les bourreaux d'hier et leurs collaborateurs à peine vêtus d'habits neufs plus modernes et plus seyants, se sont partagés à vils prix les dépouilles de l'ancien régime. Le pouvoir russe a poussé très loin ce refus de remettre en question la période soviétique éliminant toute recherche historique sérieuse sur la période dont il ne veut en retenir que quelques faits honorables. Le résultat est sous nos yeux , enfouies les horreurs (interventions brutales dans les pays proches et goulags d'intérieur) se répètent en Ukraine après quelques autres exemples qui furent souvent édulcorés mais qui auraient dû nous mettre la puce à l'oreille.

Non la Russie n'avait, pour l'essentiel, pas changé par rapport à l'URSS même si la rhétorique communiste était abandonnée. Par contre, la volonté « impériale » de Staline et de ses successeurs, eux-mêmes dans la lignée tsariste, n'est pas disparue avec 1989. En réécrivant son histoire pour n'en préserver que l'épopée, les peuples se mentent à eux-mêmes mais aussi aux autres. Ils induisent ainsi des comportements où l'honneur bafoué aidant, le passé crie vengeance dans un éternel va et vient de violences.

Certes, il n'est jamais facile de regarder son passé sans complaisance, c'est vrai pour les individus autant que pour les Etats, les nations, les peuples.

Les Etats-Unis ont-ils pleinement conscience que leur conquête de l'Ouest est plus un génocide qu'une brillante épopée ? Bercés des mythiques cow-boys d'Hollywood ne participons nous pas à cet oubli ?

Plus près de nous, la difficulté, par exemple, pour le France de mettre à plat sa guerre d'Algérie en est un autre exemple encore brûlant. Passer de la reconnaissance des faits dans leur brutalité à la repentance semble un exercice particulièrement malaisé. La période coloniale européenne est aussi un sujet délicat où les mémoires des uns et des autres se télescopent dans des a priori injustes (***). Si la période de la collaboration 39-45 semble, avec des nuances, tant en France qu'en Belgique, avoir été mieux prise en compte (mais les coupables étaient les vaincus), les bas faits de la période de la Libération sont plus enfouis. Le devoir de mémoire tant claironné dans les discours et nos écoles ne devraient pas concerner uniquement que les exactions commises par nos « ennemis » mais aussi les nôtres.

Maintenant que la guerre est lancée (terminer une guerre est toujours plus difficile que de la commencer), il n'est plus temps de baguenauder sur l'enfouissement collectif des méfaits de la période communiste. Il sera néanmoins nécessaire, lorsque les armes se seront tues, d'y revenir non pour assouvir la haine de ceux qui ont eu peur mais pour aider la Russie à valoriser ses véritables richesses et non ses mythes.

( *) « Les dévastés », Theodora DIMOVA, auteure bulgare

(**) La Commission Vérité et Réconciliation (Truth and Reconciliation Commission) était un organe de justice réparatrice de type judiciaire réuni en Afrique du Sud en 1996 après la fin de l'apartheid et l'accession de Mandela à la présidence de la RSA. Le Rwanda a voulu mettre sur pied un mécanisme y ressemblant avec ses tribunaux des gacaca pour accueillir les repentances des génocidaires de 1994.

(***) Dire que la présence française (ou belge) en Afrique et notamment en Algérie a été exclusivement négative est une aberration, tout autant que de se voiler la face devant les inégalités criantes qui y présidaient encore au seuil des années 1960. Malheureusement, les Indépendances n'ont pas nécessairement amélioré le sort des populations concernées.

L'Europe encerclée (24/02/2022)

Selon Franceinfo (24/02/2022) « L'Algérie a fortement accru sa capacité militaire en multipliant les acquisitions auprès de la Russie, et en y consacrant depuis une quinzaine d'années un budget de 2,3 milliards d'euros annuels. Résultat : le visage de l'armée algérienne a profondément changé. La panoplie des nouveaux armements est longue : des sous-marins, des avions, des missiles de croisière d'origine russe, des navires de surface ; en 2014, l'Algérie faisait même construire en Italie le Kalaat Beni-Abbes, un bâtiment de débarquement et de soutien. » Quant à la présence russe en Afrique sahélienne elle devient chaque jour plus prenante. Le cas de la Centrafrique n'est plus unique et Wagner (soit disant une firme privée de défense de l'oligarque russe Prygogine) étend constamment sa zone d'influence à la fois militaire mais aussi économique.

La Russie et ses alliés encerclent de plus en plus l'Europe tout en lui déniant le droit à l'existence en tant qu'entité politique. L'invasion de l'Ukraine est une expression brutale de cette volonté.

A quand une Europe politique et militaire ? Heureusement, qu'entretemps on a le parapluie OTAN, mais ce n'est qu'un pis-aller.

Il est clair que rogner à longueur d'année sur les budgets militaires donnent des idées à ceux qui ne le font pas. Préférer des dépenses de courts termes, parfois pour couvrir des besoins certes incontestables, au détriment de sa défense est toujours une erreur. L'angélisme n'est pas une politique étrangère digne de ce nom. C'est aussi vrai pour les « petits » pays européens comme la Belgique qui ont parfois l'impression que sous le parapluie de l'OTAN (voire des EU) ils ne risquent rien. D'une part, dans l'histoire des relations entre sociétés humaines, les faibles ne sont jamais respectés, d'autre part, les EU entendent mener leur politique extérieure (et c'est tout-à-fait légitime) d'abord en fonction de leurs intérêts propres. Ils n'ont jamais agi autrement tout autant que les autres puissances.

Enfin, ne faut-il pas craindre des tentatives de déstabilisation de l'UE par le biais d'islamistes manipulés par les services secrets algériens, orfèvres en la matière ?

La capacité militaire de l'Algérie lui permettrait de bloquer l'accès au détroit de Gibraltar (msn.com)

Mutualiser les données médicales sur les patients entre tous les acteurs de santé publique (28/01/2022)

Interviewé par La Province, (27/01/22), le patron des établissements hospitaliers EPICURA évoque, in fine, des projets de coordination des dossiers sur les patients au sein du réseau PHARE : Les projets d'EpiCURA ne se cantonnent pas à ses propres installations. Le centre hospitalier fait partie du réseau PHARE qui regroupe le CHR Haute Senne de Soignies, le CHwapi de Tournai et le CH de Mouscron. Ces hôpitaux travaillent sur une meilleure transition dans la prise en charge de leurs patients. « L'un de nos projets est la mise en place de dossiers informatisés pour les patients valables pour l'ensemble du réseau », souligne François Burhin. « Cela va permettre à une personne d'être soignée partout comme si elle était dans la même institution. Ce serait une belle avancée car actuellement, un patient doit souvent repasser tous ses examens dès qu'il change d'hôpital. »

C'est évidemment une bonne chose que cette volonté d'intégration des données du patient pour permettre une solution plus rapide en cas d'intervention médicale d'urgence. En outre, cela évite des examens parfois difficiles pour le malade tout en préservant les ressources (en évitant les doublons) si souvent considérées comme insuffisantes des soins de santé. Mais au-delà du cas d'Epicura et de ses associés dans le réseau PHARE, il est évidemment que cela doit être étendu à l'ensemble des acteurs de santé participant au régime de l'INAMI. Qu'un scan ait été effectué à Jolimont, à Hornu ou à Tournai, peu importe, ce sont les mêmes matériels (et donc en principe les mêmes diagnostics) et le même patient qui est concerné. Il est donc légitime que ces données puissent être mises en commun. Naïvement, je croyais que c'était le cas depuis des années notamment dans le cadre de la banque de données « Masanté-Wallonie ». Manifestement, les progrès de l'informatisation sont plus rapides dans le secteur bancaire (voire fiscal) que pour la santé. 

Certes, il y a des éléments de protection des données. Beaucoup de nos concitoyens sont particulièrement soucieux de préserver le secret entourant leur état de santé.  Cela peut se comprendre notamment pour éviter à des tiers d'utiliser à mauvais escient ces informations (employeurs, compagnies d'assurances,...). Des gardes fous peuvent être techniquement et juridiquement imposés. Nos données financières personnelles auxquelles, à juste titre, nous tenions tant, sont désormais accessibles à une série d'instances ou d'entreprises qui ne nous veulent pas que du bien.

Du nouveau pour la liaison Mons-Valenciennes ? (09/12/2021)


Le 8 décembre 2021, le ministre délégué français chargé des Transports et le ministre fédéral belge de la Mobilité, ont signé deux déclarations d'intention portant sur les projets de réactivation de deux liaisons ferroviaires transfrontalières : il s'agit de Givet-Dinant d'une part et de Mons-Quiévrain-Valenciennes d'autre part (La Province, 09/12/2021).

Dans les années 1970 et 1980, les sénateurs de la région, Marcel BUSIAUX (Bourgmestre de Colfontaine, Ministre) et André LAGNEAU (conseiller montois) ont souvent rappelé l'intérêt de la liaison ferrée entre Mons et Valenciennes notamment pour le trafic voyageurs.

En ce qui concerne, le transport des marchandises, avant l'installation de TOYOTA Valenciennes, il y eu un projet de relance de la voie ferrée pour connecter ce site automobile (important du Japon des pièces et exportant des véhicules finis) avec le réseau ferré belge et le port d'Anvers. A l'époque, le port de Dunkerque a fait montre de réticence devant cette concurrence.

Pour ma part, j'ai souhaité au Conseil communal de Mons au début des années 1990, que la liaison TGV qui passa un temps par Mons ne soit pas celle reliant Liège, Namur, Charleroi et Paris mais plutôt un allongement de la liaison Paris-Valenciennes.

Une soirée cinéma dans les airs (30/11/2021)

Les voyages en avion reprennent timidement. C'est l'occasion de voir les nouveaux films que, confinés, on avait raté.

VILLA CAPRICE (avril 2021) de STORA avec BRUEL et ARESTRUP m'a tenu en éveil au dessus de l'Atlantique. La trame est dans l'air du temps : «L'avocat Luc Germon pense atteindre la consécration lorsque Gilles Fontaine, l'un des patrons les plus puissants de France, lui demande de prendre sa défense. Il est soupçonné d'avoir acquis dans des conditions douteuses une magnifique propriété sur la Côte d'Azur, la Villa Caprice. Humilié et furieux de s'être laissé piéger, Fontaine compte sur l'habileté de Germon pour le tirer de ce mauvais pas. Mais une étrange relation de pouvoir s'installe bientôt entre les deux hommes, en principe alliés. » Avec un final bien édifiant !

Si BRUEL est bon ARESTRUP est parfait.

Toujours de ce retour aéroporté, deux autres films moins intéressants.

« Mystère à Saint-Tropez » est une comédie franco-belge réalisée par Nicolas Benamou et sortie en juillet 2021. Malgré POELVOORDE ET CLAVIER, cela reste un film de détente pour autant que le spectateur soit un tantinet réceptif. J'ai vu les deux acteurs principaux dans de plus beaux rôles.

« OSS 117 : alerte rouge en Afrique noire ». Nicolas BEDOS, le réalisateur, voudrait parodier voire moquer le style James Bond, agent 007. En replongeant en 1981, Hubert Bonisseur de La Bath, alias OSS 117, se voit confier une nouvelle mission, plus délicate, plus périlleuse et plus torride que jamais, il est contraint de faire équipe avec un jeune collègue, le prometteur OSS 1001. 

Au final, je me suis réjoui de ne pas avoir dû payer ma place au cinéma. 

Un beau cadeau de NOEL 

pour ceux qui aiment l'histoire de Cazedarnes et de son église : celle-ci abrite un trésor. Reul Philippe a édité un magnifique ouvrage illustré et documenté sur l'histoire de l'église Saint Amans et ses fresques de Nicolaï Greschny. Ouvrage disponible au prix de 20 € à la bibliothèque de Cazedarnes et au multiservice "Aux Fontaines". Tous les bénéfices sont versés à la restauration de l'église             Laurent RIPPERT 18/11/2021

Voir Cazedarnes


9. juil., 2021

Une démission réconfortante ou un point de départ d'une réflexion

La commissaire du gouvernement auprès de l'Institut pour l'égalité entre les femmes et les hommes (IEFH), Ihsane Haouach, au cœur d'une polémique pour des propos sur la séparation de l'Église et de l'État, a annoncé ce 9 juillet sa démission, en invoquant les "attaques personnelles incessantes" et le cyberharcèlement dont elle affirme faire l'objet.

Certains vont crier victoire et passer à autre chose comme se mettre à chercher un autre sujet de polémique de quoi occuper les foules.

Pourtant, ses déclarations notamment sur la relativité de la neutralité de l'Etat (ce qui peut sous entendre l'ensemble de nos valeurs démocratiques) en fonction de la réalité démographique (*) sont peut- être partagées par une part importante des habitants de ce pays. C'est cet aspect et ce qu'il implique qui, au-delà de sa démission, reste interpellant et mérite une réflexion approfondie et éventuellement la prise de décisions et leur mise en œuvre.

Tout d'abord savoir ce que certains segments de la population pensent en comparant avec des critères d'adhésion religieuse ou communautaire mérite plus que l'interdiction des statistiques « ethniques » qui est un des plus beaux exemples de politique de l'autruche.

Ses déclarations sont un signal qu'il faut prendre en compte sinon demain il sera trop tard pour s'agiter comme des baudruches avec un impact parmi les personnes concernées proches de zéro.

Un bref retour sur l'histoire ne nous apprend-il pas que les civilisations sont rien moins qu'éternelles. A la fin de l'Antiquité romaine, une religion monothéiste, bénéficiant certes de l'appui du « pouvoir politique », a remplacé d'abord dans les élites et puis pénétra de plus en plus largement l'ensemble de la population qui abandonna inexorablement ses anciennes convictions philosophiques ou polythéistes. Poids démographiques, suivisme face aux pouvoirs (dont la mode et l'air du temps), coercition, déliquescence des anciennes structures sociales, invasions dites barbares,... sont quelques explications qui ne sont pas sans similitude avec notre époque même si tout cela nous apparait bien lointain.

En Belgique, la tolérance (dont la neutralité de l'Etat est une des conséquences) s'est largement répandue en parallèle avec un déclin de l'influence de la religion dominante (aux causes multiples) qui pouvait lâcher du lest n'ayant guère à craindre ses concurrentes nettement minoritaires. Cette tolérance s'est d'ailleurs élargie à l'ensemble de la société et de ses diverses convictions ce qui permit la démocratie politique. Notre société européenne est d'essence judéo-chrétienne du moins dans ses grands principes historiques, la déchristianisation n'ayant guère entamé, jusqu'il y a peu, le socle de nos valeurs et de nos pratiques. Cela n'implique en rien une quelconque pratique cultuelle ni une influence déterminante des autorités religieuses avec des exceptions comme les débats sur l'avortement ou en France sur la procréation.

Remarquons par ailleurs que l'idée de séparation du religieux et du profane serait typique du christianisme par rapport aux autres convictions (**).

La donne sociologique change si une part non négligeable de la population respecte d'autres convictions, consignes ou pratiques autant culturelles que strictement religieuses. C'est déjà vrai dans les pays où les tensions sont restés longtemps vives (et le sont parfois encore) entre les différentes « religions » chrétiennes dans des proportions où les uns et les autres craignent d'être supplantés et éradiqués. Il n'y pas si longtemps où les mariages dit mixtes (entre chrétiens de diverses obédiences) étaient quasiment prohibés (et donc rares) tant par la pression sociale que par l'influence des « pasteurs ».

L'ordonnancement d'une société (ce qui dépasse largement la notion d'ordre public) implique une adhésion large et soutenue à ses valeurs pour qu'elle puisse fonctionner durablement. Certes, rien n'est figé mais des bouleversements profonds et subits inquiètent et provoquent parfois des rejets assourdissants. Une contestation « fondamentale » de ces valeurs par une partie audible de la société et qui n'est pas canalisée (et intégrée) dans nos processus démocratiques peut gangréner l'ensemble de la société et engendrer sa déliquescence. Prohiber d'autorité cette « évolution » risque souvent de provoquer son extension.

En son temps, feu Daniel DUCARME affirmait que l'intégration (à Bruxelles notamment) était ces dernières décennies un échec. Quels remèdes ont été apportés à ce constat aujourd'hui plus éclatant qu'alors ? Quelques mesures cosmétiques, quelques crédits saupoudrés dans les banlieues dites à problème, beaucoup d'électoralisme mais peu de politiques reforgeant l'esprit d'accueil intégrant qui avait caractérisé la venue d'autres immigrants. Certes, les début sous nos cieux de ces derniers ne furent pas toujours faciles ; aux différents niveaux de la société, les frustrations ne furent pas anodines et pourtant certaines différentes « sociologiques » étaient souvent moins importantes. Toutefois même si lors de l'Euro certaines manifestations montrent qu'il peut y avoir diverses fidélités, l'essentiel ne serait-il pas à trouver dans l'implication des générations suivantes à l'ensemble de notre société (politique, économique, sociale, culturelle,...). A l'époque, l'instruction (publique) a forgé une société plus adaptée aux uns et aux autres. Elle a manifestement atteint ses limites si par exemple certains de ses principes fondamentaux (dont la croyance aux vérités scientifiques) sont devenus des colosses aux pieds d'argile.

La société multiculturelle tant vantée par d'aucuns serait-elle arrivée en bout de course ? Pour les uns, elle est honnie (il faut rappeler que la population autochtone n'a jamais été consultée à ce propos), pour d'autres, elle est une raison de refuser l'intégration vite amalgamée avec l'assimilation plus ou moins forcée.

Certes, l'exercice est délicat mais nos moyens sont pourtant plus importants qu'hier. Non seulement financiers mais aussi d'études sociologiques pour « palper » les ressentis réels au sein de la population qui n'est il est vrai jamais nulle part homogène. C'est de la tension au sein d'une société qu'elle peut évoluer mais la direction de cette mutation n'est jamais acquise dans un sens ou l'autre. Vers le meilleur ou vers le pire ?

Manifestement et à des degrés divers (compte tenu de leur passé par exemple colonial ou non), beaucoup de pays d'Europe sont concernés par ces problématiques. Une approche européenne sur cette question est au moins aussi essentielle que notre volonté (de plus en plus mise en brèche) d'imposer au reste du monde nos valeurs.

(*) Selon les dernières statistiques officielles (La Libre 13/07/2021), pour les nouveaux nés masculins, les prénoms donnés en Belgique durant l'année 2020 sont Noah Arthur, Jules,... en Flandre, Gabriel, Arthur, Jules, Louis, Hugo, Victor en Wallonie et Mohamed, Adam, Amir, Yanis à Bruxelles. Pour l'ensemble du pays Mohamed arrive en 10ème place.

(**) Dans un récent ouvrage, « Le XXIème siècle du Christianisme », publié sous la direction de Dominique REYNIE, les auteurs soulignent la filiation entre le christianisme et la séparation des pouvoirs politique et religieux qui en font une de ses originalités. Et cela même si la mise en pratique de la parole du Xst « Mon royaume n'est pas de ce monde » voire « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » fut longue et difficile. Mais pour être désormais séparé, faut-il encore pouvoir exister séparé. Face à la crise de légitimité de l'autorité civile (de l'Etat) du moins en Occident, d'aucuns voudraient appeler le religieux à la rescousse pour donner du sens à notre société. Les auteurs constatent que plus le fait religieux prospère, plus le christianisme en tant que tel est ébranlé en tant que religion de la séparation - ce qui se traduit , pour une partie des fidèles, par le réveil d'une tentation théologico-politique analogue à celle qui traverse l'islam ou l'hindouisme qui n'ont pas cette idée de séparation dans leur ADN.

20. juin, 2021

Neutralité et laïcité

A l'occasion d'un jugement ne reconnaissant pas à la STIB (Transports publics bruxellois) d'écarter une candidate voilée et de la nomination d'une commissaire du gouvernement également voilée, les esprits se sont échauffés. Indépendamment de l'effet de diversion par rapport à la gestion d'autres crises pourtant d'actualité, le microcosme politique francophone est fort agité par cette problématique. Les arguments pleuvent dont le combat féministe (le voile serait une marque d'assujettissement de la femme à la gens masculine) et celui de la nécessaire neutralité de l'Etat et de ses institutions. Porter un voile serait affirmer ses convictions religieuses (et identitaires) et donc serait contraire à ce principe surtout si les personnes concernées occupent des fonctions en contact avec le public ou de responsabilité hiérarchique voire d'autorité.

Mais défendre la neutralité des institutions publiques n'implique pas pour autant de défendre la laïcité qui, en Belgique, est une notion toute différente de celle prévalant en France. C'est une conviction qu'il serait intolérant d'imposer aux autres. Elle fait partie des convictions philosophiques ou religieuses reconnues voire financées au côté des Eglises chrétiennes, de l'Islam.

Cela dit la neutralité des institutions publiques ne vise pas uniquement les convictions religieuses ou athées mais d'autres aspects dont les opinions politiques ou sociales. Nos administrations publiques par exemple en Wallonie sont hyper socialistes et même sans qu'ils arborent insignes ou autres signes distinctifs, chacun sait que beaucoup de fonctionnaires sont largement inféodés au parti dominant et en respectent les consignes et a priori. Ces comportements partisans me semble au moins aussi gênant qu'un foulard.

13. mars, 2021

Les vaccins et la construction européenne

Le 9 mars dernier, Charles MICHEL, président du Conseil Européen rappelait notamment que la vaccination coordonnée de 450 millions d'Européens à travers les 27 pays membres, est une entreprise d'une complexité inouïe.

Certes, l'Europe a pu contribuer à la vaccination des européens en faisant des achats groupés. C'est bien mais pour l'avenir, il faudrait favoriser la maitrise en Europe de la recherche et de la production des vaccins comme celle de bien d'autres éléments. Ce serait une justification pratique de l'intérêt de l'Europe de nature à lui redonner de la visibilité auprès des 450 millions d'Européens.

Les générations de l'immédiate après guerre voire de la guerre froide s'estompent et celles qui les suivent ne ressentent guère les bienfaits d'une Europe unie, source de paix et de collaboration entre ses peuples.

La mondialisation a semblé donner à la construction européenne un coup de vieux. C'était le monde notre univers, dont notre continent n'est qu'une menue partie. Tout à coup retournement à la fois pour des raisons internes (l'appauvrissement de catégories sociales et de certaines zones à la suite de la désindustrialisation) et écologiques : à la place de la mondialisation et du libre-échange, voilà le retours du protectionnisme.

Le problème c'est qu'à ce moment l'image de l'Europe était écornée notamment par les contraintes imposées en son nom aux populations par des leaders politiques ou économiques peu courageux préférant accuser Bruxelles plutôt que d'assumer les effets de leurs politiques. Conséquence le repli est national et non européen. Et pourtant, n'est-ce pas conduire à de nouveaux échecs.

Si les Etats Unis peuvent s'engager dans l' « America first » avec un certain succès, repris dans une certaine mesure par le nouveau Président, c'est compte tenu de leur dimension de 325 millions d'habitants. Chaque pays européen, pris individuellement, n'a pas les mêmes capacités quoiqu'en pensent ceux qui croient tirer de leur grandeur passée les prémices de leur renouveau. A longueur de journée sur tous les médias, la population se voit abreuvée de slogans nationalistes notamment avec l'ambiguïté du « consommer local » ou du « produit en France, en Belgique »,... tant pour des raisons dites écologiques que populistes avec parfois des contractions vite évacuées par la cécité collective. Acheter des tomates espagnoles à Montpellier est plus écologique que de consommer celles produites hors saisons dans les serres du Nord à coup de consommation énergétique (tant pour la production que le transport). Quasiment personne ne défend l'idée d'un consommer européen.

Il est donc impératif de refonder l'Union européenne sur de réelles avancées. Se souvenir avec émotion et nostalgie des bienfaits du passé est peu stimulant pour la population. L'Europe doit reprendre la main en montrant, dans les faits, que sa dimension (sociale et économique voire politique) est un atout qui seul permet une réelle réappropriation de notre destin. Le plan de relance européen se limite dans l'opinion essentiellement à un financement européen de (vieux) projets nationaux ou régionaux manquant souvent d'une réelle perspective de développement de l'intégration européenne. Trop souvent peureuse l'Europe tente de se défendre et n'attaque plus. Voyons le cas des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon,..) : que fait-on si ce n'est d'essayer souvent maladroitement de mettre des bâtons dans les roues de ces entreprises (tout en les incitant à créer dans nos régions quelques emplois subalternes). La grosse revendication c'est leur taxation alors que la Chine par exemple a choisi de créer ses propres entreprises concurrentes.

Cette vision n'implique pas un abandon de la notion d'Etats (membres) qui ont encore de beaux jours devant eux d'autant qu'ils resserrent leurs moyens sur les matières où leur dimension est optimale. Prenons l'exemple des Etats-Unis où chaque état fédéré garde jalousement des compétences importantes. Néanmoins, l'unification économique passe aussi par des outils globaux en matière de droits des sociétés ou de leur taxation.

Le renforcement du poids intégré de l'Europe notamment dans les domaines du futur lui permettra aussi de faire entendre sa voix sur plan international. Que signifie aujourd'hui les communiqués de l'UE sur la Birmanie, Hong Kong ou les Ouighours : du vent d'autant que notre dépendance économique envers la Chine communiste reste fondamentale.

Il ne faudrait pas tarder car dès 2022, des populistes (de droite ou de gauche extrêmes) risquent à nouveau d'accéder au pouvoir dans différents pays membres. Et alors c'en sera fini de la construction européenne.

9. févr., 2021

Pourquoi pas un nouveau tram entre Mons et Boussu voire Dour

Dans le cadre du plan de relance, notre arrondissement devrait se voir allouer des crédits pour une soixantaine de millions. Deux projets sont mis sur la table, l'un de formation sur de nouveaux matériaux, le second sur une desserte expresse par autobus entre Mons et le Borinage . Ce dernier vise à alléger la circulation (particulièrement polluante compte tenu des embouteillages habituels) entre Mons et son hinterland le long de la route Mons-Boussu.

Ces bus à fortes cadences, du moins aux heures de pointe, devraient bénéficier d'un espace de circulation réservé améliorant leur rapidité mais aussi leur impact environnemental. Ils utiliseraient pour ce faire des carburants plus propres.

L'idée particulièrement intéressante ne pourrait-elle pas conduire à envisager le retour du tram sur cette liaison. Il est peu polluant et son espace disponible peut facilement être adapté à la fréquentation (en ajoutant des élément aux convois).

Ce n'est pas un hasard si dans des villes proches comme Valenciennes le tram est revenu, modernisé et à la grande satisfaction de l'ensemble des usagers. D'autant que le matériel actuellement en usage est nettement plus confortable et performant ( notamment moins bruyant) que les derniers trams ayant circulé dans le Borinage.

Les droits de la femme, un long combat (01/02/2021)

Ces dernières années, la tendance à l'émancipation des femmes semblerait marquer le pas du moins en dehors de l'Europe occidentale voire de l'Amérique du Nord et cela indépendamment du succès médiatique de phénomènes tel « metoo » ou de la lutte contre les féminicides .

D'une part, il devient chaque jour un peu plus évident que nos conceptions en ces matières de relations hommes/femmes ne sont pas nécessairement partagées dans le reste du monde. Le caractère universel des droits humains apparaît, que nous le voulions ou non, de plus en plus comme relatif.

D'autre part, y compris en « Occident » des réserves sont émises çà et là. Certains milieux résistent obstinément à l'accession des femmes à certaines responsabilités ou fonctions (Eglise catholique contrairement aux autres églises chrétiennes protestantes). Par ailleurs, la liberté de l'avortement voire de la contraception sont parfois regardées avec circonspection voire hostilités. Certes des motivations « avouables » sont avancées (les « révélations religieuses,..) mais n'y a-t-il pas d'autres raisons conscientes ou inconscientes ? La société multiculturelle n'est-elle pas intrinsèquement sujette à ces régressions ? M. TRUMP et autres leaders populistes européens ne disent-ils pas tout haut ce que beaucoup pensent de moins en moins discrètement ? Par ailleurs, des comportements notamment de la vie quotidienne, restent souvent marqués par les distinctions traditionnelles entre les genres (1).

Sous-jacente à ces constations, n'y aurait-il pas fondamentalement une parole qui, comme dans d'autres domaines, se libère du « politiquement correct » et veut en revenir aux vieilles traditions. La femme serait d'abord une mère et parallèlement l'homme retrouverait son statut ancestral.

Y compris dans nos pays, l'évolution des idées n'aurait-elle pas été trop rapide pour être profondément acceptée et dès lors tendre à l'irréversible ? Par ailleurs, si ces évolutions ont naturellement pu enthousiasmer des femmes, elles ont pu également déstabiliser certains de leurs compagnons.

Même si les rapports hommes/femmes peuvent s'analyser de divers points de vue (social, économique,..) ils s'intègrent aussi dans l'évolution de la sexualité pour laquelle la contraception moderne a vraisemblablement été une étape parmi les plus importantes de l'évolution de notre espèce. Désormais, si elles y ont accès, les femmes sont maitresses de leur fécondité, l'avortement n'étant qu'un pis aller en cas d'échec ou d'absence de la contraception.

Dans le monde du vivant, la procréation, la reproduction sont fondamentales : prolonger voire développer l'espèce. C'est d'ailleurs par le jeu du choix du ou des partenaires que s'opère la sélection naturelle (Darwin) et donc l'évolution.

Contrairement aux autres espèces animales, chez les humains la libido des deux sexes n'est globalement pas limitées aux périodes de fécondations qui sont elles même assez fréquentes. La bipédie constante a également conduit à une évolution morphologique dont les conséquences sur la sexualité ne sont pas négligeables. Tout ceci aurait conduit les males humains à s'intéresser plus fortement que d'autres espèces à la fidélité (sexuelle et sociale) de leur (s) partenaire(s). Ce fut peut-être d'abord parce qu'il se croyait le meilleur géniteur mais aussi pour d'autres considérations patrimoniales ou de pouvoirs.

Pendant de larges pans de notre histoire, hormis les dernières décennies, la domination du mâle avait notamment, autant que faire ce peut, pour objectif de garantir cette fidélité ; les contraintes sociales (et donc d'éducation) s'ajoutant à l'emprise du mâle dominant. Néanmoins, la contraception, y compris de ce point de vue, a pour effet de permettre l'infidélité sans grossesse non désirée.

Il est fondamental de rappeler que la sexualité humaine s'inscrit très largement dans l'apprentissage. Ses codes sont acquis et non innés contrairement à ce que certains contempteurs de la théorie du genre voudraient croire. A ce sujet, le livre de P. PICQ et Ph. BRENOT (2) « Le Sexe, l'Homme et l'Evolution » (Odile Jacob, 2009) est interpellant.

Au-delà des constantes biologiques, les autres aspects peuvent être qualifiés de culturels sans pour autant être universels (3). La monogamie, qui ne concerne qu'une partie des humains, n'est pas une constante du monde animal. Elle est pour nous le produit d'une évolution sociale et non biologique. En est-il de même pour le besoin d'intimité durant les relations sexuelles que n'éprouvent nullement nos cousins primates les plus proches ainsi que pour les éléments d'attirance sexuelles que sont les fesses et les seins, semble-t-il également propres à notre espèce, pour autant que nous puissions en juger, avec les codes vestimentaires qui en découlent( 4).

L'amour dans l'union matrimoniale est aussi une conception relativement récente. Quant à la stabilité de cette dernière, même si elle est largement battue en brèche aujourd'hui, elle a notamment pour objectif l'éducation des enfants d'humains (5) qui est particulièrement longue (même en dehors des Tanguy) tant pour des raisons biologiques que surtout d'apprentissage. La famille, qui peut avoir des aspects différents selon les lieux et les époques, est essentiellement du domaine de l'acquit, du « culturel » et la distinction entre ce qui est naturel ou contre-nature n'a guère de signification. Ces divers éléments culturels subissent également le choc de la contraception et celui de l'allongement de la durée moyenne de la vie qui donne à la stabilité conjugale une toute autre dimension.

Il est essentiel de se tourner vers notre passé le plus lointain pour tenter d'esquisser l'évolution des relations hommes/femmes.

A cet égard P. PICQ a publié fin 2020 un très intéressant ouvrage (« Et l'évolution créa la femme ») visant à tenter de savoir si chez nos cousins les singes, les relations entre mâles et femelles étaient ou non caractérisées par la domination plus ou moins brutale des premiers sur les secondes. Observant surtout les grands singes, directement ou par le biais des travaux récents de collègues, il y constate un foisonnement de situations dans lesquelles la position de la femelle varie de la situation égalitaire (voire en partie supérieure) à la coercition la plus extrême. Tout est dans la nature et son contraire. Parmi les plus proches des humains, les chimpanzés et les bonobos sont les exemples types de comportements nettement dissemblables avec les premiers patriarches possessifs et parfois violents et les seconds au contraire ne connaissant guère de violence faites aux femelles.

Dans l'état (encore embryonnaire) des connaissance scientifiques, il semble que des contraintes biologiques, économiques, climatologiques, démographiques (concurrence d'autres espèces) ou celles nées de l'enfantement et de l'éducation des nouveaux nés, de la constitution de la famille type (monogamie plus ou moins permanente ou polygamie, la femelle dans le clan de son compagnon ou l'inverse) semblables ne conduisent pas (y compris dans l'espace et dans le temps) à une même réaction des mâles vis-à-vis des femelles. Les données relatives aux « humains » ne semblent guère diverger. Compte tenu de la diversité de l'évolution des espèces, le féminisme n'est pas nécessairement contraire à la « nature » originelle mais ce n'est guère à ce niveau qu'il doit chercher ses justifications. Si l'évolution fut souvent un ensemble de tentatives pour s'adapter (sur le long terme) à des contraintes anciennes ou nouvelles, elle est en ces matières essentiellement une évolution culturelle.

« L'humain est bien une invention des hommes, qui repose sur notre héritage évolutif partagé, mais n'est pas une évidence pour autant. Homo sapiens n'est pas humain de fait. Il a inventé l'humain et il lui reste à devenir humain, ce qui sera fait lorsqu'il regardera le monde qui l'entoure avec            humanité » (6).

Cette évolution est légitime mais ne coule pas de source. Elle est le résultat d'aspirations nouvelles qui s'intègrent plus ou moins largement et rapidement dans une humanité déjà fort ancienne. Qu'est-ce qu'un demi-siècle par rapport à des milliers d'années. Son caractère universel ne l'est pas autant que nous ne le pensions mais l'évolution n'est guère linéaire. Ses avancées sont souvent suivies de retour en arrière soit pour corriger des excès, soit pour prendre d'autres chemins. Si nous estimons que la non violence et l'égalité entre les hommes et les femmes est le marqueur du progrès pour notre espèce, il nous appartient de poursuivre sur cette route même si nous n'en voyons pas la fin.

(1) Je reste souvent étonné par ces femmes, se présentant comme « libérées », refusant de prendre le volant de leur propre véhicule si leur mari ou compagnon est à leur côté. C'est dire si l'émancipation, dans les esprits aussi, n'est pas aboutie et cela sans parler de leur place dans la société ou l'économie. Un autre exemple de la vie pratique est celui du repassage : en France et en Allemagne, les hommes repassant sont respectivement 10% et 20%. Et cela malgré un accroissement du nombre de foyers monoparentaux (les hommes seuls devraient pourtant savoir se débrouiller avec un fer à repasser ?). C'est dire si le ménage reste un apanage féminin.

(2) Pascal PICQ est un paléoanthropologue français, maître de conférences du Collège de France associé au professeur Yves Coppens. Quant à Philippe BRENO, c'est un médecin psychiatre, anthropologue et sexologue.

(3) Les antagonismes dans nos sociétés humaines ne se limitent évidemment pas au seul domaine des rapports hommes/femmes

(4) Si ces questions sont peu évoquées sur l'agora est-ce en raison de leur futilité ou parce qu'elles touchent à des tabous ou à notre inconscient collectif ? Feindre de croire que la sexualité est marginale dans la vie de l'espèce est évidemment non seulement une contre-vérité mais qui plus est une erreur. Nous nous privons d'un élément d'analyse. Il n'est que voir les philosophies, les religions qui souvent veulent mettre sous le boisseau ladite sexualité largement entendue tout en en faisant la référence majeure de leur discours et contraintes.

(5) Dans l'éducation, quelles sont les conséquences d'un père descendu de son piédestal ou d'une mère qui apparait moins « maternelle » sur le processus d'apprentissage ? Certes, cela relève du stéréotype mais il pourrait être un élément d'explication de certains comportements tant chez les parents que chez leur progéniture.

(6) Pascal PICQ, dans « L'humain à l'aube de l'humanité », Qu'est ce que l'humain ?,

Voir aussi « LA VIE SEXUELLE DES SAUVAGES DU NORD-OUEST DE LA MÉLANÉSIE, Description ethnographique des démarches amoureuses, du mariage et de la vie de famille des indigènes des Îles Trobriand (Nouvelle-Guinée) » de Bronislaw Malinowski (1930)


14. janv., 2021

Fake news chez les uns et chez les autres

Si les fausses nouvelles ou autres manipulations fleurissent au sein de la population adulte, les jeunes sont aussi largement atteints mais souvent sur des thèmes plus adaptés à leurs préoccupations et par le biais de canaux de communication dont ils sont friands.

Aujourd'hui le vaccin, demain le médicament anti virus, hier les sagas des masques voire l'existence même du virus sont des sujets ayant été l'objet d'une déferlante de fake news. Les adultes, y compris celles et ceux que la raison conviait à les considérer comme insensible à ce type d'affirmations, sont nombreux à y « succomber » (*). Il n'y a pas que les Etats-Unis mais le monde entier est gangréné. Cela serait anodin si cela restait des « fantasmes » mais l'actualité tant au Capitole que dans les intentions de non vaccination montrent qu'il n'y a pas loin de la paroles aux gestes.

Au sein de la jeunesse, le même phénomène s'enracine depuis des années. Il est vrai qu'elle trouve essentiellement son information sur les réseaux dit sociaux et non dans les médias plus ou moins « officiels (TV, radios, journaux, magazines,...). Leur réactivité vient notamment de leur spontanéité mais aussi d'une connexion quasi permanente (surtout en ces temps de « confinement désœuvré »). Les appels à se rassembler voire à manifester et désormais à se taper du flic sont légions et donnent sur le terrain lieu à maints débordements. En ces matières les exaltés du Capitole ont depuis des années leurs prédécesseurs dans les quartiers difficiles, hier surtout dans la grande couronne parisienne, aujourd'hui dans de nombreuses communes bruxelloises. Certes, les violences extrêmes sont le fait d'une minorité au sein des manifestants mais leurs auteurs ne sont guère désavoués par leurs compagnons de route ce qui engendre un sentiment d'impunité et donc conduit à la récidive. De nombreuses péripéties des Gilets jeunes en France en sont des exemples.

Hier, à Bruxelles, la mèche s'est enflammée au départ d'un fait divers malheureux : l'arrestation d'un adulte de 23 ans qui serait décédé en arrivant au Commissariat. Que des questions soient posées est parfaitement légitime, spécialement dans le chef de la famille et des proches, qu'une émotion puisse s'exprimer publiquement l'est également pour autant qu'elle ne soit pas l'occasion de violences.

Néanmoins, les arguments avancés par les uns et les autres montrent vite les limites du dialogue. Pour certains, les Policiers sont a priori blancs comme neige et pour les autres il s'agit ni plus ni moins d'une bavure camouflée. Vu la faible confiance dans les institutions traditionnelles de jeunes abreuvés de fake news, il est à craindre que l'expression « je fais confiance à la Justice de mon pays » n'y soit guère entendue.

C'est pourtant le rôle de la Justice en démocratie que de permettre l'apaisement des citoyens face au drame en leur promettant qu'une enquête impartiale sera menée et que si coupables il y a, ils seront condamnés. Le problème est que la confiance est grippée. Par ailleurs, la démocratie représentative n'a-t-elle pas pour corollaire des citoyens de plus en plus guidés principalement par la raison (ce qui implique la science) leur permettant de faire les choix électoraux en connaissance de cause ?

Nombreuses sont les informations ou fictions qui peuvent sembler légitimer cette méfiance dans la population notamment jeune. Les séries policières où les interrogatoires sont généralement encore assez musclés, les images diffusées sur les médias « officiels » (sans parler des séquences filmées sur YouTube ou autre) de manifestants frappés lors de manifestations, dont l'objet primordial semble légitime pour beaucoup (**), sont légions. D'autant que les images diffusées peuvent concerner tant notre pays que le reste du monde, c-à-d des pays où les traditions d'usage de la force publique ne sont pas les mêmes que dans le plat pays.

Il est à craindre que les tentatives « législatives » pour limiter voire interdire la diffusion publique des images de violence prises par des citoyens ne feront que renforcer la prévention contre les autorités et accréditer ainsi certaines fake news. D'une manière générale, les essais visant à museler la diffusion de ces formes modernes de « mensonges » que ce soit par les diffuseurs (FB, Instagram, Twitter,...) ou par des Autorités publiques peuvent se retourner contre leurs auteurs. Ce n'est pas FB qui a créé les fake news, il a seulement permis leur large diffusion par et auprès d'une large partie de la population qui auparavant n'avaient guère l'occasion d'exprimer ses convictions profondes.

Les fake news ne sont un véritable problème « politique » que dans la mesure où elles sont accueillies de plus en plus largement dans une part de la population. C'est cet accueil, cette réceptivité qui doit être prise à bras le corps. Malheureusement, les affirmations sermonantes viennent souvent conforter dans leur croyance celles et ceux qui sont prévenus contre la parole des « sages » assimilés à l'Autorité, voire considérés comme complices des complots de l'establishment.

Certes, les croyances infondées (des fake news ?) ne sont pas nouvelles. Je lisais dernièrement qu'il y a « quelques siècles, la patronne de notre cité a endigué l'épidémie de peste » noire de 1348-1319, alors qu'il n'en fut vraisemblablement rien au contraire (***). Il s'agissait plutôt d'un ralentissement naturel de l'épidémie (****) qui à l'époque fut d'ailleurs suivi, quelques années après les pèlerinages prétendument salvateurs, d'une reprise de l'épidémie. Face à l'inconnu, l'humanité a besoin de se réconforter. La légitimité des croyances religieuses (dont le regain n'est pas négligeable dans certains contextes sociaux en Europe) n'est nullement en cause pour autant qu'elles se cantonnent à cet aspect ou qu'elles développent l'empathie mais ne viennent pas s'interposer avec la recherche scientifique. La différence avec les fake news contemporains c'est qu'ils semblent agir tels des virus informatiques qui viennent non pas nous réconforter mais au contraire détricoter notre vision de la réalité et ses bases cognitives.

En résumé, les violences de ces dernières années spécialement de jeunes contre la Police s'expliquent par des moyens de communication modernes (pour « convoquer » à la manif quelque soit le nom qui lui est donné) aux effets souvent immédiats dûs à l'accueil favorable de ceux qu'ils mobilisent dans l'urgence. Cette mobilisation tient pour l'essentiel à la confiance préalable que les destinataires de ces messages peuvent leur accorder. Elle proviendrait notamment de la proximité (réelle ou virtuelle) avec les « lanceurs » d'alerte œuvrant sur un terreau préparé de longue date. Nos société « développées » ne s'en sortiront avec des discours binaires : à droite, « je défend la Police », à gauche « stop aux violences policières et aux collusions ». Les forces de l'Ordre sont effectivement indispensables et font souvent un métier assez dur physiquement et moralement pour lequel elles méritent globalement la reconnaissance de la société civile. Par contre, il faut casser cette impression (parfois confortée par des jugements et de la littérature) que compte tenu de leur impérieuse nécessité et des risques qu'ils prennent les policiers peuvent bénéficier d'une certaine indulgence. A l'inverse, la globalisation outrancière de quelques mauvais exemple à l'ensemble des corps de Police (auxquels les braves pompiers sont souvent assimilés) est inacceptable.

Toutefois, cela risque de ne concerner que la pointe de l'iceberg social. Comment surtout à partir du XVIIIème siècle (les Lumières) notre civilisation occidentale s'est-elle insensiblement mise à croire fondamentalement à la « raison » et à la science objective ? Le processus fut lent et le parcours particulièrement sinueux mais les maîtres d'école de la fin du XIX début XXème furent écoutés et crus. Aujourd'hui, leur parole est confrontée à la famille mais aussi au reste du monde apparaissant dans les petits écrans. Dans la cacophonie des informations et des affirmations, beaucoup ne s'y retrouvant plus choisissent plus ou moins consciemment de faire un tri basique : soit en niant les données dont ils n'ont pas la maîtrise, soit en les englobant dans un contexte global de volonté d'asservissement (par le Pouvoir, les élites ou l'argent). La première de ces deux alternatives peut certes être combattue par l'instruction mais tout le monde ne deviendra pas de futur Einstein. La seconde implique peut être un renouvellement du socle de nos sociétés développées et vraisemblablement des formes de gouvernement de la cité dans ses fonctions politiques, économiques, culturelles,...

(*) C'est dire si le souhait de développer l'éducation et l'instruction n'est pas le garde fous (sic) absolu.

(**) Les images ne s'étendent guère sur les violences des manifestants hormis quelques cas spectaculaires comme ce boxeur parisien mais devenu un héros pour certains.

(***) Il est permis de penser que des rassemblements comme des processions ou autres pèlerinages ont accru, par la promiscuité, la diffusion de la maladie.

(****) Faute de sujets non résistants, sachant que l'épidémie avait commencé au moins une année avant la procession. La mise en œuvre de quelques mesures comme une meilleure hygiène, une sorte de confinement,... peuvent également expliquer cette décrue temporaire de la peste..


Note sur MONEUSE (1768-1798)

Durant la Révolution française, surtout après la victoire française de Fleurus en 1794, les anciens Pays-Bas autrichiens (actuelle Belgique) tout autant que les régions du Nord (ancien Hainaut, Valenciennois, ...) connurent des périodes troublées. C'est ainsi qu'un certain "MONEUSE" fait parler de lui jusqu'en février 1797. Avec ses complices "les chauffeurs", ils vont commettre plus de 2O assassinats, 15 attaques nocturnes d'habitations et pas moins de 160 vols. Le surnom de"chauffeurs" est venu du fait que ces bandits s'introduisaient la nuit dans une ferme ou une maison de maître isolée, qu'ils brûlaient les pieds du maître de maison en les mettant dans les flammes d'un feu ouvert afin de lui faire avouer où il avait caché son or et ses objets de valeur. Le nom de Moneuse, riche en légendes notamment dans le Borinage et le Valenciennois, reste synonyme, à tort ou à raison, du massacre de la Sainte-Cécile - il y a plus de deux siècles -, dans l'auberge de la Houlette (canton de Dour, près de Montignies-sur-Roc, dans la province de Hainaut, en Belgique, non loin de la frontière française): neuf victimes adultes et enfants.
L'aventure se terminera à Douai, le 18 juin 1798. Sur la place du marché, la lame de la guillotine scelle dans l'histoire le destin de Moneuse, commerçant selon son état civil, bel homme selon les dames, détrousseur de jupons selon les maris jaloux, mais surtout criminel et voleur selon les jurés qui le condamnèrent à l'échafaud.

Encore aujourd'hui, Moneuse fait parfois figure de père fouettard pour les enfants difficiles.Plus d'infos sur https://users.skynet.be/sky71622/Moneuse.html#ancre126123