La cohabitation des religions, pourquoi est-elle si difficile

27/05/2024

La cohabitation des religions, pourquoi est-elle si difficile » Roger POUIVET »

« Le désaccord entre les religions n'est pas une malheureuse affaire contingente et historique, à laquelle un peu de bonne volonté … pourrait remédier. Il est capital parce qu'il touche des vérités incompatibles. » Difficile de concilier la croyance en Jésus, fils de Dieu et en Allah qui n'en a point.

Dans l'aire culturelle européenne et surtout depuis le XVIIIè siècle des Lumières, l'idée d'une suprématie de la science sur les croyances a conduit d'une part à un essor considérable de celle-ci mais également, et pas seulement, à un affaiblissement des religions installées. Si le culte de la déesse Raison ne fut qu'un épiphénomène, la laïcité a pris, dans certains pays, le relais des croyances traditionnelles pour d'une part les contenir dans la sphère privée et d'autre part les remplacer par un vivre ensemble basé notamment sur une tolérance religieuse imposée conduisant pour d'aucuns à favoriser l'areligion.

Comme le disait en son temps François PERIN, nos sociétés ne sont pas devenues plus tolérantes (en matière religieuse car dans d'autres domaines c'est loin d'être le cas) elles sont devenues indifférentes ou du moins frileuses par rapport à la religion (et aujourd'hui de plus en plus vis-à-vis d'autres croyances comme celles du monde politique).

Le livre de Roger POUIVET resitue le débat dans un monde où une partie de plus en plus importante de la population en Occident revendique avec une force grandissante son appartenance religieuse. C'est vrai pour une frange catholique, mais aussi dans des églises protestantes ou dans la sphère musulmane. Cette évolution se nourrit (comme chez les premiers Chrétiens) du sang (ici heureusement surtout symbolique) des Martyrs ou des opprimés pour leur croyance. Les efforts visant à réduire ou empêcher des pratiques religieuses (notamment publiques) semblent les renforcer plutôt que les éradiquer. Certes, derrière ces réactions sociales il n'y a pas que des éléments religieux mais aussi un souci identitaire, un retour aux racines, des revendications sociales.

La société a horreur du vide. Si le besoin de croyances n'est plus assouvi par une religion, c'est une autre qui la supplantera. Face à ces évolutions, les grandes valeurs occidentales des Droits de l'Homme (et de la Femme), de démocratie semblent se réduire à des convictions raisonnées dérisoires face à des croyances qui s'inscrivent dans les traditions les plus profondes où le mystérieux (le non scientifique) n'est pas un obstacle mais au contraire un marchepied vers un haut delà toujours aussi prometteur qu'il est nébuleux.

© 2021 Philippe REUL Tous droits réservés.
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