Comment sortir de la chienlit?

26/03/2023

Le mouvement français des « Gilets jaunes » a été finalement éradiqué par la lassitude tant de l'opinion publique en général que des protestataires. Il est vrai que ces derniers n'avaient ni l'expérience, ni les moyens financiers et matériels de faire perdurer leur protestation. Aujourd'hui, l'opposition extra-parlementaires aux nouvelles règles sur les retraites risquent d'être plus malaisée à calmer. Les syndicats ont bien compris (après justement la gifle des Gilets jaunes) que s'ils veulent retrouver leur crédibilité et leur utilité ils doivent être à la fois efficaces et responsables dans ce combat. Toutefois, emportés par un certain élan populaire (voire dévoyé par d'aucuns sachant que la France est regardée avec attention à l'Est comme à l'Ouest), ne vont-ils pas être amenés à faire durer et renforcer une paralysie du pays dommageable à tous.

Une fois de plus, il apparait que la France est divisée en deux camps plus ou moins homogènes : d'une part, les « idéalistes » qui refusent ces changements sociaux et d'autre part les plus « raisonnables » qui sont conscients des enjeux financiers ou démographiques (notamment du vieillissement) et de l'impact de temps désordonnés. Cette division de la France, n'est pas nouvelle et se retrouve quasi systématiquement lors de chaque grande crise. Souvent, après une période où les premiers ont le vent en poupe, il s'ensuit une seconde phase où les seconds reprennent la main plus ou moins aidés par le Pouvoir.

Ce fut le cas notamment avec le coup d'Etat de Napoléon 1e qui mit fin aux périodes d'instabilité dont le Directoire n'avait pu sortir la France post révolutionnaire. Ce fut encore le cas avec son neveu, Napoléon III qui s'auto-proclamant Empereur enterra une seconde république aussi idéaliste que velléitaire. En 1870-1871, THIERS mis de l'ordre avec ses Versaillais et écrasa la Commune de Paris.

Quelque part PETAIN fut, au départ en juin 1940, investit d'une mission de rétablissement de l'Etat qui sombrait dans la défaite voire (selon certains) dans les excès de la gauche de 1936 . Ce n'est qu'ultérieurement que de sauveur de la Patrie il devint, dans l'esprit des Français, de plus en plus largement un collaborateur honni. C'est alors que de Gaulle, entrant en scène, mit fin à la désespérance des Français et aux excès de la Libération pour replacer, une première fois, la France sur ses rails. Il devait récidiver en 1958 face à l'impuissance de la IVè République devant le drame algérien.

En fin mai 1968, face à la « chienlit », il provoquait le sursaut des « raisonnables » et obtenait un blanc seing pour repartir de l'avant.

Aujourd'hui, qui pourrait être celle ou celui qui sortira le France du bourbier ? Macron en a-t-il la stature et peut-il rassembler dans un sursaut les « raisonnables » voire les « idéalistes » lassés ? Il faudrait pour cela qu'il obtienne l'appui de toutes les composantes du spectre politique représentant les « raisonnables » encore que cela ressemblerait, pour d'aucuns à un retour à la IVè République, qui une fois de plus jouerait le rôle de repoussoir absolu. Qui d'autre à droite présente en ces temps troublés une certaine force d'attraction et une crédibilité (mais nullement une expérience) pour rétablir de l'ordre dans la maison France ? Ce serait la revanche du 27 avril 2022 mais pas comme Mélenchon feignait de l'imaginer.

Les démocrates de tous bords feraient bien d'y réfléchir plutôt que de jouer aux apprentis sorciers. D'autant, si l'expérience de différents pays dans le monde mérite d'être retenue, qu'après avoir obtenu (ou arraché ) le Pouvoir, ces Sauveurs de la Patrie entendent bien rester au Capitole.

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